» Ateliers de remobilisation sociale avec l’outil sonore »

Ce projet est co-construit avec les enseignant·e·s du secteur scolaire et soutenu par l’équipe SPIP de la Maison d’arrêt de Nantes. Ce projet est inscrit dans une démarche de prévention de la récidive, chaque atelier a pour objectif de travailler une compétence psychosociale spécifique en s’appuyant sur une forme de création sonore différente.

L’objectif: permettre aux détenus d’améliorer leurs compétences en français et prendre conscience de leur atouts et leurs faiblesses en terme de compétences psychosociales.  Une auto-évaluation est proposée en début et fin de parcours et permet un échange avec le.la référent.e CPIP.

Entre Octobre 2021 et Avril 2022, 3 groupes de 6 détenus ont participé à cette expérimentation à raison de 6 séances de 1h30. Les séances étaient co-construites et co-animées par un enseignant spécialisé et une chargée d’action culturelle et d’éducation aux médias de l’association JET (Laure Rodier).  Un podcast a été produit pour chaque groupe.

Nous remercions infiniment les détenus volontaires qui ont participé à ce projet, les ateliers ont été des moments de partage de qualité et de joie. Merci aussi à l’équipe enseignante de la maison d’arrêt ainsi que l’équipe CPIP.

Atelier de remobilisation sociale 1

Ce groupe était essentiellement composé de détenus allophones. Leur niveau de compréhension était très limité, nous avons donc choisi de travailler avec eux l’oralité, la compréhension, l’expression de leurs émotions et l’évocation par un travail de recueil de souvenirs.

Les détenus se sont engagés pleinement dans le projet malgré la difficulté de la langue. Ils ont fournis de gros efforts tout au long du projet et ont réalisé des prises de paroles au micro fortes et valorisantes pour eux. Le dispositif radio a favorisé la cohésion et l’entraide dans le groupe. Au terme du projet, les participants ont témoigné de leur fierté et de leur progrès dans leur rapport à la langue française. Ils ont réalisé une interview_métier d’une surveillante de la maison d’arrêt, créant ainsi un lien différent avec la fonction de surveillant.e .

Atelier de remobilisation sociale 2

Le groupe était composé de 5 détenus entre 20 et 35 ans. Des détenus souffrants de leur incarcération et présentant divers symptômes (trouble de la concentration, agressivité, fatigue, difficulté à penser ). L’assiduité aux ateliers à été mise à mal par le contexte sanitaire, les ateliers se sont décalés dans le temps et certains détenus se sont désengagés au fur et à mesure.

Nous avons pris comme fil rouge la question des discriminations durant les ateliers. D’abord réticents, ils ont vite pris goût à la prise de parole au micro donnant lieu à des débats, leur permettant de travailler l’écoute et l’argumentation. Certains détenus ont montré de vrai progrès dans leur posture d’écoute au fur et à mesure du projet. L’écoute de plusieurs documentaires sonores courts sur le thème suivi de débat ont permis à certain de remettre en cause leurs opinions.

Ils ont ensuite créé un docu-fiction-sonore collectivement à la façon du film «angles d’attaques » sur une situation de racisme ordinaire. Puis Ils ont mené une interview_métier d’une cheffe de la pénitentiaire sous l’angle du sexisme dans le monde professionnel.

Atelier de remobilisation sociale 3

Le groupe était composé de 6 détenus entre 20 et 45 ans, avec des personnalités complètements différentes. L’objectif premier a été de créer une cohésion de groupe et surtout de permettre à tous de prendre la parole. Au fur et à mesure des séances, les détenus ayant une place de leader ont appris à ne pas parler à la place des autres et à laisser le temps aux détenus ayant une personnalité plus réservée ou avec un moins bon niveau en français de formuler leurs pensées.

La première rencontre avec l’outil radio et le plateau (casques, micros) a été déstabilisante pour la majorité du groupe. Cela nécessité de la conversation afin d’assurer un cadre de confiance. L’assiduité aux ateliers a été exemplaire, cela a été facilité par une organisation plus resserrée (6 ateliers sur 15 jours) .

Dans ce groupe également les détenus présentaient des signes de souffrance carcérale (trouble de la concentration, agressivité, fatigue, difficulté à penser, agitation, inhibition). Il est très vite apparue que le groupe avait besoin d’un espace de respiration. Nous avons donc pris la voie créative en proposant au groupe de réaliser un Slam à partir du mot « évasion ». Nous avons réaliser des ateliers d’écritures collectifs, en faisant des aller-retour entre enregistrement et écriture. Le groupe a choisi l’instrumentale du slam collectivement.

Ils ont ensuite mené une interview_métier d’un détenu travaillant à la buanderie de la prison. Le groupe souhaitait valoriser le travail en milieu carcéral. Cette interview a aussi été l’objet d’une réflexion sur l’écriture comme thérapie car le détenu interviewé est écrivain amateur.

Avec ce groupe nous avons aussi écouté et débattu autours du documentaire « Wilfried»  de  Mehdi Ahoudig et Isabelle Coutant qui parle d’un ancien délinquant en quête d’une vie nouvelle. Ce documentaire a eu un impact fort sur certains détenus et donné lieu à des témoignages et des questionnements profonds sur le désir d’une deuxième chance et ce qui pousse à la récidive .